• Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.

    Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d' accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais:

    Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944: Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des "féodalités économiques", droit à la culture et à l'éducation pour tous, une presse délivrée de l'argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l' Europe était ruinée? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

    Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau "Programme de Résistance" pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.


    Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation machande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.


    Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : "Créer, c'est résister. Résister, c'est créer".


    Signataires :


    Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.


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  • 47 eurodéputés français rejettent le résultat du référendum

    mercredi 21 juin 2006

     

    Ils sont élus européens de l'UMP, du Parti socialiste, de l'UDF et des Verts. Le 14 juin vers midi, dans la torpeur générale de l'hémicycle du Parlement de Strasbourg, ils ont voté « pour » une résolution exigeant que la France remette la Constitution européenne telle quelle sur les rails de la ratification dès 2007. Pire, ils ont voté « contre » un amendement qui rappelait la règle de l'unanimité pour la ratification et les invitait à exprimer leur respect pour le résultat des référendums français et néerlandais. Et dire que dans quelques mois, ces partis demanderont de nouveau la confiance du peuple...

    Encore un vote passé inaperçu. Nulle part vous n'en trouverez mention ni commentaire. De deux choses l'une, soit nous sommes dans un système politico-médiatique réellement verrouillé où journalisme signifie complaisance, soit le niveau de déliquescence morale et politique dans notre pays est tel, qu'on se contrefout du Parlement européen, de ce qu'y font ou n'y font pas les élus des partis de M. Sarkozy et de Mme Royal. Ce n'est pourtant pas rien, ce qui s'est produit, dans l'hémicycle du Parlement de Strasbourg, le 14 juin en fin de matinée, ainsi que nous vous en rendions compte quelques heures après.

    Les députés européens étaient appelés à voter sur une proposition de résolution « Leinen » (du nom du président de la commission des Affaires constitutionnelles (AFCO) — parce qu'en effet il y a des « affaires constitutionnelles » dans cette Union sans Constitution...) — relative à la seconde phase de la période dite de « réflexion » sur l'avenir institutionnel de l'Union. Ce qui est extraordinaire dans le texte de cette résolution, comme d'ailleurs dans l'attitude des dirigeants européens depuis que le premier pays a dit « non », c'est la plus complète ignorance du droit des traités. Comme si, ayant perdu ces deux référendums mais étant toujours aux commandes, ils pouvaient s'abstenir d'en tirer les conséquences juridiques qui, elles, relèvent de l'objectivité.

    Situation juridique du traité dont la ratification est rejetée

    Il faut en effet d'abord se référer à la convention de Vienne du 23 mai 1969 qui fixe le droit des traités — et les traités européens n'y font pas exception — pour comprendre ce que devient légalement un traité dont l'un des Etats signataires n'a pas ratifié. L'article 14 de la convention intitulé « Expression, par la ratification, l'acceptation ou l'approbation, du consentement à être lié par un traité » stipule : « 1. Le consentement d'un Etat à être lié par un traité s'exprime par la ratification : a) lorsque le traité prévoit que ce consentement s'exprime par la ratification ; b) lorsqu'il est par ailleurs établi que les Etats ayant participé à la négociation étaient convenus que la ratification serait requise ; c) lorsque le représentant de cet Etat a signé le traité sous réserve de ratification ; ou d) lorsque l'intention de cet Etat de signer le traité sous réserve de ratification ressort des pleins pouvoirs de son représentant ou a été exprimée au cours de la négociation. »

    Pour savoir si le traité de Rome de 2004 entre dans au moins l'une de ces hypothèses, il faut donc, comme nous y invite la convention de Vienne, se reporter à ses dispositions finales relatives aux « Ratification et entrée en vigueur », (article IV-447) qui stipulent : « 1. Le présent traité est ratifié par les Hautes-Parties contractantes, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives [...] 2. Le présent traité entre en vigueur le 1er novembre 2006, à condition que tous les instruments de ratification aient été déposés [...] »

    Ainsi, comme tous les traités européens, le traité établissant une constitution européenne exigeait bien une ratification « par les Hautes-Parties contractantes » ni plus, ni moins, lesquelles sont les Etats signataires au nombre de 25. Ce sont donc 25 ratifications, pas plus et pas moins, que le traité lui-même exige, conformément à la convention de Vienne citée plus haut, pour entrer en vigueur, autrement dit : l'unanimité.

    Où lit-on autre chose que cette exigence de ratification à l'unanimité ? Nulle part. Le traité a-t-il prévu le cas de rejet de ratification par au moins l'un des Etats ? Oui. Et que prévoit-il ? La déclaration (n°30) annexée à l'acte final précise que « si à l'issue d'un délai de deux ans [...], les quatre cinquièmes des États membres ont ratifié ledit traité et qu'un ou plusieurs États membres ont rencontré des difficultés pour procéder à ladite ratification, le Conseil européen se saisit de la question ». En aucun cas, cette déclaration ne dit que quatre cinquièmes des Etats ayant ratifié, cela suffirait pour l'entrée en vigueur du traité s'il prend la fantaisie au Conseil européen d'en décider ainsi ! Elle dit que le Conseil se réunit pour étudier la situation dans l'hypothèse où justement, on s'apercevrait que l'unanimité requise ne pourra être réunie. En l'occurrence, les « difficultés » sont apparues bien avant que quatre cinquième des Etats aient eu l'occasion ratifier.

    Ainsi, en conséquence du « non », dans un système démocratique, les gouvernants des pays concernés auraient dû d'abord retirer du Traité la signature de leur Etat, ce que ni les dirigeants français, ni les dirigeants néerlandais n'ont fait. Ensuite, le premier « non », celui de la France le 29 mai, qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, aurait dû stopper net le processus de ratification dans le reste de l'Union. Or, sur les quinze ratifications déjà effectuées, six ont eu lieu après cette date, comme si de rien n'était. Enfin, il aurait fallu effacer de centaines de résolutions, directives, règlements, recommandations, avis, la référence au traité constitutionnel. Au contraire, tout se passe une fois encore comme si le Politique était au dessus de la Loi, sous prétexte que c'est lui qui l'a faite.

    Recommencer sans le peuple

    En ignorant délibérément le droit, ces élus s'assoient sur ce dont ils procèdent eux-mêmes et que la loi devait préserver : la démocratie. Voilà un an que la plupart d'entre eux chantent un discours qui trahit un véritable refus du résultat référendaire. Une non-acceptation du « non » pourtant acquis démocratiquement et à l'issue d'un référendum dont la légalité a été confirmée quelques jours plus tard par le Conseil constitutionnel. Ce serait un « malentendu », une « erreur » des Français selon Giscard — qui lui n'en fait jamais — parce qu'on les a trompés alors que « c'est très mal de mentir aux Français, surtout en campagne électorale » comme affirmait au récent sommet de Bruxelles le Président Chirac, qui en connaît en effet un rayon sur la question.

    Leur objectif est donc de trouver à tout prix un moyen de contourner ce vote populaire qu'on attendait pas et dont on remet ouvertement en cause la légitimité. Imagine-t-on M. Giscard d'Estaing, déçu (déjà) du vote des Français, refusant de céder la place à M. Mitterrand élu en 1981 ? Ou une majorité sortante battue — comme c'est le cas à toutes les élections législatives depuis trente ans — refusant de laisser les nouveaux députés prendre place au Palais-Bourbon ? Un an après le « non », nous en sommes pourtant là : les 29 mai et 1er juin ne seraient que de regrettables incidents, sans rapport avec le formidable « texte » européen mais plutôt avec le regrettable « contexte » national, sur le chemin incontournable de la ratification Quoi de plus facile que de recommencer le processus de ratification en passant cette fois par la voix du Parlement, évidemment plus docile, assurant le reste de l'Europe d'un « oui » parlementaire qui tente de faire oublier le « non » des Français ?

    Ainsi par cette résolution massivement votée et qui continue de faire référence en tête de ses « considérants » au traité constitutionnel rejeté, le Parlement européen entend entraîner les autres institutions de l'Union, en particulier le Conseil et la Commission, à le remettre sur les rails de la et ce, au plus tard au second semestre 2007. La date n'est naturellement pas choisie au hasard. Par l'expression « dès que le calendrier politique le permettra », les élus européens ne font guère mystère de leur espoir que l'ère Chirac enfin refermée (combien d'entre eux membres de l'UMP doivent leur siège à Chirac d'ailleurs ?), le Président Sarkozy ou la Présidente Royal fasse ratifier le projet par la France sans égratignure.

    « Soutien au traité établissant une Constitution »

    Chaque considérant, chaque point de la résolution ou presque est un incroyable affront à la réalité et au choix des Français. Au premier rang de cette déclaration solennelle, le Parlement européen, députés français de l'UMP, socialistes, de l'UDF et des Verts inclus « réaffirme, d'une part, son engagement à parvenir, sans retard excessif, à une formule constitutionnelle pour l'Union européenne et, d'autre part, son soutien au traité établissant une Constitution pour l'Europe ». A la trappe donc, le droit des traités, le suffrage universel et la démocratie ! Après ce grand balayage de Printemps, le même Parlement hausse le ton. Il « met en garde contre toute tentative de détricoter le compromis global réalisé dans le traité, car cela remettrait gravement en question le projet politique européen et créerait le risque d'une Union affaiblie et divisée ».

    Contre la « ratification à l'unanimité » et « le choix démocratique de la France et des Pays-Bas ».

    Pire, les députés de l'UMP, de l'UDF, du PS et des Verts au Parlement européen vont plus loin encore dans le déni de droit et le déni de démocratie. Ensemble, ils ont voté « contre » un amendement qui 1. rappelait l'exigence juridique d'unanimité des Etats pour la ratification du traité, 2. exprimait solennellement son « respect » pour les votes français et néerlandais. Cet amendement (n°13), déposé par le Danois Jens-Peter Bonde et le Français Patrick Louis (MPF) proposait au Parlement européen de mettre en tête de sa résolution deux affirmations simples, par lesquelles il « rappelle que le “traité établissant une Constitution pour l'Europe” signé à Rome le 29 octobre 2004 ne peut être appliqué sans ratification à l'unanimité, et exprime solennellement son respect pour le choix démocratique de la France et des Pays-Bas d'avoir voté “non” à 54,9 % et 61,6 % respectivement." »

    Le piège politique tendu par cet amendement a donc fonctionné. Par idéologie pure, l'UMP, l'UDF, le PS et les Verts y ont sauté à pieds joints. Ils ont non seulement voté « pour » la résolution Leinen, mais ils ont d'un seul homme voté « contre » ces quatre petites lignes appelant inocemment au respect du droit des traités et du résultat référendaire, c'est à dire contre le principe juridique d'unanimité inscrit dans tous les traités européens et contre « le choix démocratique de la France et des Pays-Bas » ! En votant pour cette résolution et contre cet amendement, ils ont dit haut et fort qu'ils n'entendaient respecter ni le droit international, ni le vote populaire de près de 16 millions de Français...

    L'idéologue a toujours raison

    Voici donc un « Parlement » qui menace, interdit solennellement que l'on touche une virgule au texte rejeté par le suffrage universel et exige qu'il soit de nouveau dans les tuyaux en 2007. Gardienne du temple européiste contre ces peuples qui votent mal, la majorité au Parlement européen nous apporte une fois de plus la démonstration de ce qu'est l'européisme : une idéologie, qui comme toutes les idéologies a toujours raison, contre les faits, contre les chiffres, contre l'expression démocratique. Si un évènement contredit l'idéologie, les idéologues vous expliquent qu'elle n'a pas été bien appliquée. Si l'Union européenne ne marche pas, que l'euro est un échec etc. c'est qu'il faut aller plus loin dans l'intégration. Si la France et les Pays-Bas ont rejeté l'Europe de la Constitution, c'est qu'ils se sont trompés, qu'ils n'ont pas compris le merveilleux avenir qu'elle leur promettait. Voilà comment ils fonctionnent.

    L'idéologue a raison envers et contre tout. Aucun argument proposé, aucune évidence mise sous ses yeux, aucun appel au bon sens n'y suffit. Nous sommes bien placés pour le savoir, ils n'attirent sur leurs auteurs que suspicions, remontrances et excommunications. On serait tenté, avec Marie-France Garaud de dire aux élus du peuple, à commencer par le premier d'entre eux, que s'ils ne se sentent plus capables de représenter la France depuis le 29 mai 2005, c'est à dire de porter les messages du « non » français — ce qui signifie 1. l'accepter (ce qu'ils ne font pas) ; 2. le comprendre (ce qu'ils n'essayent pas) ; 3. l'endosser pour y répondre (ce qu'ils ne veulent pas), alors il faut tout simplement qu'ils s'en aillent.

    Christophe BEAUDOUIN
    Observatoire de l'Europe

    Publication originale sur le site Observatoiredeleurope.com.


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  • lundi 29 janvier 2007
    ALERTE TSUNAMI -TCE SUR LA FRANCE ET L'EUROPE

    Vendredi 26 janvier 2007, un séisme politique européen de magnitude élevée a eu comme épicentre la ville de Madrid.
    En effet ,les18 pays membres de l'Union Européenne qui ont ratifié le TCE se sont retrouvés autour d'une table ronde, promue par l'Espagne et le Luxembourg, dans le but d'envisager les prochaines actions à mener ensemble pour faire respecter la volonté de leur pays aux autres pays membres de l'UE qui n'ont pas encore ratifié le TCE,in primis, la France et les Pays Bas.
    Afin de mieux cerner les enjeux de cette "drôle de journée espagnole", notre blog a demandé l'avis à un responsable politique de la nouvelle génération citoyenne européenne.

    Bonjour ,Mr. d'Alelio,vous êtes le Président de "Alliance pour les Etats Unis d'Europe",un jeune groupe politique né en Italie en 1996, lors des élections législatives italiennes de cette même année, pour contribuer, avec le centre gauche, à la défaite de la force politique de Mr. Berlusconi (ce qui fut le cas n.d.r.).
    Oui,nous avons été heureux d'avoir pu contribuer, avec notre nouveau groupe politique, à la victoire de Mr. Prodi ,en 1996.Mais notre groupe politique a eu comme première aspiration,celle de pouvoir se développer à un niveau européen afin de stimuler des autres jeunes à faire de la politique à un niveau transnational.
    Que pensez-vous de ce qui c'est passé à Madrid, le 29 janvier?
    Nous devons interpréter cette réunion comme une forte pression politique faite aux candidats français à l'élection présidentielle, pour qu'ils se remettent "bien gentiment' dans les rangs.
    Les français devraient porter leur attention sur le fait que les candidats des principaux partis (PS,UMP,UDF)ont TOUS milité pour le OUI ,lors de la campagne pour le référendum sur le TCE, en 2005 !
    Donc, vous voulez dire que les 18 pays du OUI veulent profiter de cette conjoncture favorable pour que le TCE puisse passer, sans tenir compte de l' avis important exprimé par deux pays fondateurs de
    l'Union Européenne?
    Oui,malheureusement pour les citoyens français et européens.Je dis aussi européens car, au contraire de ce que l'on a voulu faire croire aux français en 2005,un grand nombre de citoyens des pays qui ont ratifié le Traité Constitutionnel Européen, par voie parlementaire,est contraire au TCE.Je peux l'affirmer car je rencontre ,au quotidien ,de par mon activité politique transnationale,les citoyens de plusieurs pays membres de l'UE,à l'inverse de plusieurs politiciens(eurodéputés) de la vieille génération, qui focalisent leur activité uniquement sur leur pays d'origine,sans se préoccuper d'aller sur le terrain,"au delà des frontières nationales".Ce qui s'avère un handicap lorsqu'on se trouve face à une campagne de manipulation médiatique,comme cela a été le cas en 2005.
    Avez-vous le sentiment que les citoyens seraient forcés, par un certain pouvoir, à aller de l'avant avec des oeillères?
    Je dirais même plus.On voudrait les contraindre à être des fourmis dans une fourmilière ,de surcroît, multipliée par le nombre des Etats membres de l'UE.On voudrait faire croire aux citoyens que leur vie ne dépend que de ce qui se passe dans leur "fourmilière",mais cela est faux !
    L'Espagne a fait ratifier le TCE par ses députés ,en un temps record !Les citoyens espagnols n'ont pas eu le temps de comprendre ce qu'il y avait dans le Traité,ni le temps d'en parler avec leurs élus.
    Les mêmes conditions se sont répétées en Italie,en Belgique et en Allemagne où un gouvernement, arrivé à la fin de son mandat (celui de Schroeder) ,a fait pression sur le Bundestag afin qu'il ratifie le
    TCE ,alors que,seulement quelques mois plus tard, les allemands devaient aller voter pour élire un nouveau parlement .
    A' vous entendre, on pourrait imaginer le NON français être celui du village gaulois d'Astérix ,dans l'empire romain...
    Non,au contraire, le NON français a été la bouée de sauvetage lancée par la France aux citoyens des autres états membres, qui se sentaient totalement impuissants devant cette"machine de guerre" que les lobbies économiques et financières ont mise en marche ,depuis le mois de juin 2003.Je devrais dire, exactement, le 17 juin 2003,lors du sommet des chefs d'Etats au Conseil Européen,à Bruxelles.
    Pourquoi ,Mr d'Alelio,tenez-vous à préciser cette date ,dans le contexte du TCE?
    A cette date ,les cartes sur table ont changé grâce à un coup forcé fait par la Grande Bretagne.
    Que voulez-vous dire?
    Le 17 juin 2003, les Chefs d'Etats de l'UE avaient devant eux le travail accompli par les Conventionnels, chapautés par le triumvirat V.J. d'Estaing,JL Dehaene et G.Amato ,c'est à dire le projet définitif de TCE.Dans ce projet ,on n'incluait pas la troisième partie (économique-financière) et dans les articles du TCE ,on envisageait les modifications futures du TCE, par majorité qualifiée.
    Mais?
    Mais un TCE sans la partie trois aurait voulu dire la fin des potentats économiques et financiers qui prospèrent en Occident ,depuis l'après-guerre,car l'union politique réelle que le TCE envisageait,aurait amené l'Union Européenne à se doter d'une vraie Charte Sociale et avoir une vraie fiscalité européenne( adieu aux paradis fiscaux européens).
    Et donc?
    Et donc,comme cela se passe depuis 1973,les potentats ont utilisé la Grande Bretagne comme "Cheval de Troie" pour modifier,sur le fond, le TCE.
    Et aucun Chef d'Etat n'a réagi à ce jeux de prestige?
    Le seul a été le Président de la République Française...
    Et les autres , et l'Allemagne?
    Aucun autre Chef d'Etat n'a eu la volonté ou la diligence de soutenir le Président de la France.
    Et pourquoi?
    Nous ne devons pas oublier que la fracture ,que le conflit en Iraq a provoqué dans l'UE ,a risqué de faire imploser l'Union Européenne.
    Il ne faut pas oublier qu'au début du conflit,voulu par les Etats-Unis contre l'Irak,parmi les 15 pays Membres de l'UE et les 10 pays qui allaient entrer dans l'UE au 1er mai 2004, 12 Membres ont signé une déclaration de soutien aux Etats-Unis pour l'entrée en guerre contre l'Irak;parmi ceux-ci l'Italie,l'Espagne,le Portugal,la Grande-Bretagne .Ces mêmes pays qui, par la suite,vont soutenir farouchement le TCE ...
    En suivant votre pensée,l'Allemagne, qui a été aussi courageuse que la France en prenant position contre le conflit avec l'Iraq,aurait dû soutenir ,par conséquent,le Président français, le 17 juin 2003 et l'aider à contraindre la Grande-Bretagne à ne pas modifier le TCE .
    Vous avez raison.Logiquement ,l'Allemagne aurait dû soutenir la France mais, vu que les prochaines élections en Allemagne se présentaient défavorables à la coalition gouvernementale en poste,une autre radicalisation des positions entre Membres de l'UE aurait pu être mal perçue par l'opinion publique allemande,qui a toujours supporté une politique de stabilité.Or,un nouveau durcissement des positions entre les pays Membres de l'UE aurait mis en agitation les citoyens allemands;un risque que le Chancelier d'Allemagne n'a pas voulu prendre .
    Pour la réunion de Madrid du 29 janvier,même topo ?
    Oui,car, même si l'Allemagne,qui a la Présidence de l'UE pendant le premier semestre 2007, n'était pas présente avec son Chancelier, en Espagne,cette réunion madrilène permettra à la Présidence allemande d'avancer à grande allure,pendant son semestre,vers un projet d'accord favorable aux membres du "Club de Madrid". Le nouveau Chef d'Etat français , dès sa prise de fonction à l'Elysée, devra faire face, à l'occasion de la clôture de la Présidence allemande au mois de juin 2007, lors de la réunion du Conseil Européen à Bruxelles, à la complexité du dossier TCE.
    Qu'est-ce que cela signifie?
    Simplement que les candidats à la présidentielle française peuvent ,en toute tranquilité, promettre monts et merveilles aux Français, sachant déjà que,par la suite, tout sera réglé ( et annulé)par le TCE. La faute sera mise,comme toujours,sur le dos de l'Europe.
    De surcroît,les candidats du PS,UMP et UDF qui ont tous milité pour le OUI au TCE,en 2005,pourraient avoir la tentation de créer une "grande coalition gouvernementale", en juin 2007, après les élections,quel que soit le vainqueur de la présidentielle.Ce serait la meilleure façon,pour eux, d'exorciser le résultat du 29 mai 2005 et d'empêcher,ainsi, toute opposition politique interne ,à l'Assemblée Nationale;la possibilité, pour les futurs Président de la République et Premier Ministre français ,d'être présents au Conseil Européen avec un profil bas,qui favoriserait la tâche de l'Allemagne et du "Club de Madrid" de rétablir le processus de ratification du TCE, antécédent aux référendums français et hollandais;la certitude de pouvoir faire voter la ratification du TCE,cette fois, non pas par les citoyens français,mais par l' Assemblée Nationale ,qui n'aura quasiment plus d'opposition,en cas de "grande coalition" PS-UMP-UDF.
    Si je comprends bien,le fait d'avoir dans cette élection présidentielle,comme vous le dites,Mr. d'Alelio,les candidats partisans du OUI au TCE, des principaux partis français, influencerait la position de la France dans l'UE.
    Oui,négativement pour la France et les Français,mais aussi,et j'en souligne l'importance,pour tous les citoyens européens républicains et humanistes qui ont toujours considéré l'Hexagone, le pays de référence.Un pays comme la France, qui a voté NON,à sa grande majorité,au TCE,n'a pas eu la possibilité d'avoir comme candidats à la présidentielle 2007, dans les partis majeurs ,un seul des
    politiciens qui , avec vigueur,ont défendu le NON au TCE pour le bien des français et de l'Europe.

    N'y a-t-il pas d'issue favorable à cette situation ?
    Seulement si les Français,dans un grand sursaut républicain, réussissent à emporter le pari de concentrer leur vote sur un seul candidat démocrate, en liste pour la présidentielle,qui a permis aux Français de s'exprimer via le Référendum , en 2005.
    Les Français ont toujours su se rassembler dans les moments difficiles de la République ;ils ont toujours su concrétiser les principes humanistes , qui, pour d'autres peuples, n'étaient qu'une utopie.
    Que le penchant de certains soit plus à droite qu' à gauche et viceversa,l'important est de voter pour des hommes qui ont, en toute franchise, animé et donné force à la volonté citoyenne, contraire, dans sa majorité, au TCE.
    Avez-vous des candidats qui semblent correspondre à vos attentes ?
    Oui,un seul,dans un contexte politique et social si confus.
    Et qui,peut-on le savoir?
    J'estime que pour faire face aux appétits débordants de certains pays membres ,autour de la table européenne,le seul qui puisse accompagner la France et l'Europe, dans cette période de transition,est
    Monsieur Jacques Chirac,un vrai homme d'Etat,qui a une carure et une grande expérience internationale,indispensables dans un contexte mondial complexe.
    Ne croyez-vous pas d'aller contre-courant ,en proposant Monsieur Chirac ?
    Il s'agit d'avoir du bon sens et de sortir des clichés qui veulent l'afficher comme un homme du passé.
    Monsieur Chirac est bien plus contemporain que certains quinquagénaires qui voudraient être considérés les démiurges de notre société.

     

     

    Pour les Compagnons du NON , Xavier de Sousa

     



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